Un article du Washington Post parlait d’un nouveau phénomène que certains commencent à ressentir, alors que la fin de la COVID se profile à l’horizon collectif. C’est comme le FOMO (“fear of missing out”), pour le monde post-pandémique : le FONO. Le FONO fait référence à la “peur du normal”, une réaction inattendue que beaucoup d’entre nous ressentent, alors que les mesures de confinement et de distanciation sociale s’assouplissent et se terminent.

Réintégrer la société et retrouver un sens de la normalité nous préoccupe depuis plus d’un an. Maintenant que nous y sommes presque, on peut se demander comment revenir à la normale, et si nous serons même prêts à revenir aux anciennes conventions. Le FONO est très, très réel.

À quoi ressemble le FONO ?

Alors que nous réintégrons la société après une année de catastrophe à l’échelle sociétale, les choses sont destinées à paraître étranges. Que ce soit saccadé et irréel, ou inconnu et menaçant, la réalité peut sembler très différente à l’avenir. Cela laisse beaucoup d’entre nous se demander comment nous allons nous adapter.

La pandémie était et est un traumatisme global collectif; la vie normale peut sembler totalement fausse après qu’un traumatisme ait révisé la réalité de quelqu’un. Vous ne pouvez pas agir comme si vous n’aviez pas vécu ce que vous avez vécu; mais comment pouvez-vous vivre “normalement” après ce que vous avez traversé ?

En gardant à l’esprit que nous réintégrons tous à différents degrés et dans différentes circonstances, vous pourriez vous préparer pour des événements sociaux, des rendez-vous en face à face, aller travailler ou à l’école en personne, et plus encore. Peu importe où vous vous situez dans l’ordre de réintégration, le FONO vous fera poser les mêmes questions : 

  • Quels comportements et habitudes pourraient vraiment sembler plus difficiles en réintégrant la société publique ? 
  • Comment naviguer et finalement surmonter ces choses ? 
  • Qu’est-ce qui restera le même, et qu’est-ce qui changera ? À quoi ressemblera le monde post-pandémique ?

Vous avez peut-être perdu les habitudes qui vous gardaient fonctionnel dans le monde pré-pandémique. Ou peut-être vous inquiétez-vous de ne pas pouvoir rester discipliné dans un environnement de bureau. Peut-être avez-vous trouvé une routine qui fonctionne pour vous à la maison, et vous vous inquiétez de l’impact de la perte de cette routine.

Qui est sujet au FONO ?

Premièrement, c’est important de se rappeler que tout le monde ne réintègre pas la société publique de la même manière et que certains le font plus que d’autres.

Le FONO se manifeste différemment selon les plans de réintégration de chacun, mais nous pouvons tous l’expérimenter. Certains sont vaccinés et prêts à reprendre les routines normales. Mais d’autres individus vaccinés ont apprécié la vie à la maison pendant la pandémie. Certains choisissent de retourner au travail en personne, comptant sur l’immunité collective avant leur propre vaccination. Et certains sont obligés par le travail ou d’autres circonstances de revenir à la normale, même s’il y a encore un risque bien réel. Des anxiétés et appréhensions peuvent surgir dans toute situation de réintégration.

Le point : les prochains mois impliqueront des changements pour nous tous, bien que tous ces changements n’impliqueront pas des sentiments de soulagement ! Nous ne pouvons pas prétendre savoir ce que les autres ressentent à propos de “la normale” juste à partir de leur statut de vaccination ou de leur choix de retourner au travail.

Tout comme avec le FOMO, la connexion et le soutien aident à dissoudre le FONO. Continuez de vérifier comment vont les gens dans votre vie qui ne peuvent pas du tout se réintégrer, qui ne peuvent pas se réintégrer dans la mesure où vous le pouvez, ou ceux qui le font à haut risque. 

FONO : causes et solutions

Cette période pour notre société semble incertaine, et de bien des manières, elle l’est vraiment. Voyez si vous vous reconnaissez dans ces anxiétés communes entourant la fin prochaine de la pandémie de coronavirus ; et cherchez des conseils pour naviguer le malaise. 

1. Parler peut sembler moins naturel, surtout en groupe.

Socialiser en face à face peut maintenant sembler beaucoup plus difficile, peu importe l’environnement. Voici deux conseils :

Rappelez-vous que vous n’êtes pas le seul.

Selon votre région et vos circonstances, la plupart des gens que vous rencontrerez sont dans le même bateau. Ça peut être utile de se rappeler que vous n’êtes pas seul et que beaucoup de gens autour de vous (qu’ils le montrent ou non) se sentent tout aussi mal à l’aise. Savoir ça vous aide à moins vous soucier de vos propres gaffes, et vous donne la confiance pour moins en faire. Si c’est pertinent, pensez à avoir quelques questions brise-glace en tête. Comme ça, vous aurez un moyen de lancer la conversation si vous en avez besoin! 

Misez sur la gentillesse.

Plutôt que de laisser les nerfs l’emporter, concentrez-vous à être la personne la plus gentille possible. Vous n’avez pas besoin d’être la personne la plus bavarde et engageante de la planète. Demandez plutôt aux gens comment ils vont, écoutez attentivement, montrez de l’intérêt pour ce qu’ils disent, et faites des compliments.

Cliquez ici pour une liste de compliments qui ne sont pas sur l’apparence, ou cherchez sur le web des compliments qui ne sont pas sur les traits physiques pour avoir des idées! Ça assure que les louanges que vous donnez sont vraiment significatives, constantes, et sûres pour la personne qui les reçoit. 

2. Retourner à la normale peut être accablant.

Ça va de soi que réintégrer une vie normale peut sembler accablant, après une année d’hypervigilance et d’isolement intentionnel. Vous pourriez être un travailleur de première ligne qui est sorti pour travailler, vous pourriez être quelqu’un qui a travaillé de chez soi, vous pourriez être entre les deux, ou vous pourriez avoir une situation complètement différente — réentrer dans une société post-pandémique de n’importe laquelle de ces circonstances a le potentiel de se sentir nouveau, étrange, ou surstimulant.

Voici quelques façons de naviguer les sentiments d’accablement et le FONO qu’ils peuvent causer:

Maintenez vos limites de l’ère pandémique.

Rappelez-vous que vous pouvez garder les limites que vous avez établies pendant le confinement. C’est pas mon idée, mais c’est un des conseils les plus solides que j’ai vus passer (crédit à @dieticiananna sur Twitter)! Si vous avez fixé des limites pendant le confinement sur les endroits où vous allez, les personnes que vous voyez, les sujets de conversation auxquels vous participez, et ainsi de suite, vous avez le droit de continuer à préserver ces limites. Même si vous ne l’avez pas fait, établir des limites est une pratique importante, et il n’est jamais trop tard pour commencer.

La pandémie continue, et certaines activités sont plus sécuritaires que d’autres. Prenez les choses une étape à la fois, et si y’a quelque chose que vous ne voulez pas réintroduire dans votre vie pour votre propre bien-être ou bonheur, pensez à le maintenir.

Peut-être que vous préférez les cours virtuels aux cours en personne, ou vous vous êtes trouvé à redouter les sorties tardives à boire que vous vous sentiez obligé de faire avant. Les solutions peuvent impliquer de passer du temps avec des amis sans alcool pendant la journée, ou de continuer avec les cours en ligne quand ils sont disponibles. Dans certains domaines, vous ne pourrez pas contrôler ces limites; mais quand vous avez le choix, exercez-le. 

Examinez la source de votre débordement.

Prenez un peu de temps pour analyser vos sentiments de débordement et d’où ils viennent. Cela pourrait signifier en parler, écrire à propos, ou simplement prendre un peu de temps pour réfléchir et introspecter.

Votre débordement est-il lié à des préoccupations de sécurité? Une réapparition de vieilles luttes de santé mentale comme l’agoraphobie, un trouble alimentaire, ou TOC? Prenez-vous trop sur vous? Ce sont toutes des choses qui nécessiteront un ensemble différent d’outils et de façons de penser pour naviguer.

Certaines de ces choses nécessitent de demander de l’aide ou de faire un travail personnel. Par exemple, si vous prenez trop d’engagements, il est peut-être temps de créer une hiérarchie des priorités. Qu’est-ce qui doit être fait aujourd’hui ? Qu’est-ce qui peut être mis de côté pour plus tard ? Et quel horaire rendra cela gérable ?

Vous pouvez aussi faire un effort pour mettre en place un surplus de soins personnels. Soyez honnête avec vous-même, et n’hésitez pas à demander de l’aide, parce que vous ne méritez pas de souffrir en silence.  

3. Vous ne voudrez peut-être pas retourner à votre “normalité” d’avant la pandémie.

Il se peut que vous n’ayez pas aimé votre statu quo d’avant la pandémie, mais maintenant que vous avez eu une année entière de répit, ce même vieux statu quo peut induire une véritable peur. C’est comme vivre les angoisses du dimanche, mais en pire.

C’est le moment de vous rappeler que vous avez les rênes ! Alors que le monde entier traverse ce processus d’ajustement, vous pouvez prendre en charge les ajustements que vous faites.

Explorez vos options. Comment pouvez-vous maintenir les changements de l’ère pandémique qui vous ont été bénéfiques ? Qu’avez-vous découvert sur vous-même pendant l’isolement, et comment pouvez-vous construire une nouvelle normalité en intégrant cette connaissance ? Vous ne pourrez peut-être pas continuer votre routine exacte de la pandémie, mais avec un peu de créativité, vous pouvez éviter votre propre “normalité” pré-COVID.

Avez-vous aimé travailler à domicile, mais êtes réticent à retourner en personne ? Commencez une conversation avec votre patron sur quels éléments du travail pendant la pandémie peuvent vous suivre au bureau. Peut-être cela signifie-t-il de continuer à planifier toutes les réunions pour que vous ne soyez pas pris au dépourvu à votre bureau.

Vous avez trouvé que les masques et le désinfectant étaient de bons ajouts à votre caisse ou poste de travail ? Peut-être que la direction peut continuer à fournir ces articles pour prévenir le rhume commun même si la COVID devient moins problématique.

La pandémie a-t-elle rendu les rencontres plus faciles pour vous ? Certains (surtout les introvertis) se sont sentis plus à l’aise de créer une connexion virtuelle avant de se soumettre à la pression de rencontrer physiquement. Les vaccins ne doivent pas nécessairement marquer la fin de cela. Vous pourriez toujours continuer l’habitude de prolonger la conversation avant de rencontrer quelqu’un en personne pour un rendez-vous.

4. Vous n’avez pas hâte de renouer avec tout le monde. 

En général, se connecter avec les autres est un objectif, mais toutes les connexions ne sont pas saines. Tout comme nous avons été dévastés par l’isolement loin de nos proches, nous avons aussi ressenti un soulagement de ne pas avoir à gérer les personnes négatives dans notre vie. Cela peut être des membres de la famille qui donnent des opinions non sollicitées, des patrons toxiques, ou des collègues, des salles de classe ou des environnements de travail non soutenants.

Maintenant que le “normal” est à nouveau en vue, la perspective de renouer avec certaines parties de votre ancienne vie peut causer un gros FONO. Que pouvez-vous faire ?

Restez fidèle à vous-même.

Si vous avez été moins exposé aux personnes non soutenantes l’année passée, cela pourrait avoir créé un changement pour le mieux. Beaucoup de gens ont trouvé que le confinement leur a donné la chance d’embrasser des parties d’eux-mêmes qu’ils gardaient auparavant à l’intérieur; cela leur a permis de se mettre en contact avec des sentiments et des opinions authentiques qui étaient ignorés avant la pandémie. Dans votre ancienne structure de travail, vous n’auriez peut-être pas laissé vous-même réfléchir trop sérieusement aux problèmes que vous avez remarqués. Ça ne servait à rien ! Mais maintenant, les choses sont différentes.

En réintégrant la société, tu vois maintenant plus clairement ce que tu penses de tes anciennes habitudes et relations. T’as pas besoin de couper les ponts, mais t’as pas non plus à te soumettre aux influences négatives. Tout ce que tu dois faire, c’est rester en contact avec ton moi authentique. Tu pourrais utiliser des mantras, des techniques de reformulation de pensées, et d’autres outils pour t’aider à rester dans un état d’esprit où tu es bien et fidèle à toi-même — même en présence de personnes difficiles.

Optimise ton temps avec des gens qui te soutiennent, et limite ton temps avec les personnes non supportives si possible.

Dans certains cas, tu pourrais être capable de limiter le temps que tu passes avec une personne ou un groupe de personnes. Dans d’autres cas, cela pourrait ne pas être possible. Si tu as peu de contrôle sur la connexion négative, essaie de te concentrer sur l’accentuation et l’optimisation du temps que tu passes avec des personnes qui te soutiennent (que ce soit virtuellement ou en face-à-face).

Avancer malgré la FONO

Ta bien-être émotionnel compte. Pas juste pendant et après une pandémie, mais toujours. À ce moment, la pandémie est encore en cours. Tout le monde va réémerger à des moments différents et par différentes étapes.

Si tu te sens anxieux à propos d’un aspect particulier du retour en société, ou si quoi que ce soit d’autre se passe dans ta vie, il est crucial d’utiliser l’auto-compassion et de développer des compétences d’adaptation vers lesquelles tu peux te tourner. Voici quelques rappels :

C’est global.

La plupart des gens que tu rencontres auront des sentiments similaires aux tiens. Ils peuvent être hésitants, excités, effrayés, ou tout cela à la fois. Certains ressentent principalement de la colère. D’autres font principalement face au deuil. De toute façon, l’année passée a été un défi collectif, et il y a d’autres personnes là-bas qui vivent les mêmes pensées et sentiments que toi.

Ta peur du normal est valide.

C’est vrai que les gens ont vécu différentes formes et niveaux de peine pendant la dernière année. Ceci dit, voici deux vieux dictons qui pourraient vous être utiles : “Vos sentiments sont valides parce que vous les ressentez,” et mon préféré, “Ne vous devez pas.” Il n’y a aucune situation où la souffrance est un concours, et c’est correct de ressentir un mélange d’émotions en ce moment. Parler à quelqu’un peut aider.

Vous vous adapterez.

Avec le temps, plus de gens seront vaccinés, nous aurons plus de réponses, et le monde continuera de changer et d’évoluer. Certaines des choses que nous avons mises en place l’année passée, surtout en ce qui concerne l’accessibilité au travail et dans l’éducation, resteront espérons-le.

Il y aura des aspects de la vie qui ressembleront plus au monde d’avant la pandémie, et d’autres développements qui émergeront et sembleront entièrement nouveaux. Nous ne pouvons même pas prédire certains des changements qui vont se produire. Mais de toute façon, nous nous adapterons. Si vous pensez à votre propre vie, vous pouvez probablement penser à plusieurs façons dont vous avez changé et à plusieurs circonstances difficiles auxquelles vous avez fait face. Cela prouve que vous pouvez traverser ce “retour” à une “normalité” potentiellement inconnue.

Continuez à consulter le site web du CDC pour des informations sur le coronavirus et comment naviguer la réintégration selon votre région, votre statut vaccinal, et plus. Priorisez-vous, votre santé et celle des gens autour de vous, et assurez-vous de répondre à vos besoins. Restez en sécurité, maintenez le lien avec ceux qui vous sont chers, et souvenez-vous qu’il y a de l’espoir.