Des fois dans nos relations, on se demande si nos proches « consomment trop ».
On se fait souvent prendre à juger certaines substances : celles qui sont illégales, celles considérées dangereuses, celles qui changent une personne d’une manière familière à une tout autre. Mais bien sûr, on accepte totalement d’autres drogues, comme la caféine, comme partie de notre rituel quotidien.
On est tous attirés par des activités qui nous font sentir bien, et beaucoup d’entre nous font ces choses à l’excès. Ça peut être un soulagement absolu de trouver quelque chose qui diminue notre stress.
Des fois, c’est difficile de déterminer si on réagit trop à l’« usage » d’un ami ; peut-être que c’est juste les vidéos de D.A.R.E. qui nous font penser que toutes les drogues sont mauvaises, ou les nouvelles suggérant qu’on a tous une relation problématique avec la nourriture ou les jeux vidéo.
L’École de la vie définit l’addiction de cette manière : « Une addiction ne devrait pas être strictement définie en termes de substance particulière : c’est quelque chose dont nous ressentons un besoin puissant parce qu’un aspect du reste de notre vie est assez difficile. Nous devrions donc arrêter de nous attarder sur la chose addictive elle-même, et nous concentrer plutôt sur la tristesse ou l’anxiété qui alimente notre dépendance à celle-ci. »
Quand on essaie d’aider quelqu’un avec des problèmes de consommation de substances (ou d’addiction comportementale, d’ailleurs), il y a trois étapes principales à suivre :
Le fond de l’affaire, c’est que ce n’est pas notre place et ça n’aide pas de juger la consommation de substances d’un autre. La honte, après tout, est une racine du comportement addictif.
La question plus importante qu’on doit se poser est : « Qu’est-ce dans la vie de cette personne qui les amène à trouver du soulagement dans leur addiction ? » Et pour suivre : « Comment pouvons-nous aider à soulager la douleur, sans créer de douleur en nous-mêmes ? »
La chose la plus importante à retenir concernant la consommation de substances, c’est que cette consommation découle de la douleur intérieure de l’individu. Tout le monde essaie de soulager sa douleur interne, que ce soit en travaillant, en faisant de l’exercice, en buvant des smoothies à l’excès, en prenant de l’héroïne, en se saoulant, ou en passant 15 heures d’affilée à jouer aux Sims.
Les gens finissent par développer des addictions aux substances et aux processus pour une raison — parce qu’ils essaient de se sentir mieux.
Personne n’est une mauvaise personne pour avoir une addiction, parce qu’être une mauvaise personne pour avoir une addiction signifierait qu’ils sont mauvais pour vouloir se sentir mieux. N’est-ce pas ce que tout le monde dans ce monde désire?
La consommation de substances vient en partie de l’incapacité à être présent avec soi-même, et de l’incapacité à vivre ses propres sentiments difficiles. Cela a du sens, en partie parce que nous vivons dans un monde qui ne nous soutient pas à travers la douleur qu’il cause.
Être en vie dans ce monde est douloureux et difficile la plupart du temps, que vous soyez au milieu de la jungle amazonienne ou au milieu de New York. C’est la condition humaine, et malheureusement, les addictions viennent avec.
Nous vivons dans un monde qui ne laisse pas le temps à un individu de vraiment s’asseoir avec lui-même et de s’asseoir avec ses sentiments. Nous demandons aux gens d’aller travailler 40 heures par semaine alors qu’ils luttent intérieurement, à cause de traumatismes qui leur ont été infligés par d’autres personnes. Pour beaucoup, la seule façon de fonctionner est de forcer les pensées difficiles hors de leur tête.
Quand quelqu’un ‘utilise’ pour s’en sortir, il s’échappe d’une partie de lui-même – que ce soit un souvenir, un traumatisme, la difficulté du jour, ou sa propre haine de soi. Il se peut qu’ils ne soient pas capables de ressentir l’amour que vous ressentez pour eux, pour eux-mêmes. Le manque d’amour-propre est-il justifié? Probablement pas, et il a probablement été enseigné.
Nous considérons souvent l’abus de substances comme étant un problème génétique, mais nous ne considérons pas vraiment que votre génétique est liée au traumatisme de l’enfance associé à l’addiction, et aux comportements appris en imitant les mécanismes d’adaptation des adultes.
Encore une fois, la consommation de substances découle de la douleur, et d’un impulsion mal guidée pour réguler les émotions. La consommation de substances n’est pas simplement le résultat de quelqu’un qui choisit de consommer des drogues. Personne ne consomme de l’héroïne par plaisir, personne ne veut vraiment devoir boire pour s’amuser, personne ne veut dépendre de ses vices. Comme le dit le coach motivationnel Anthony Robbins «les gens feront plus pour éviter la douleur qu’ils ne le feront pour obtenir du plaisir.»
Nous vivons dans un monde de dualité. Ce qui monte, doit redescendre; et tous les clichés mis à part, nous vivons dans un monde où la descente de certaines personnes est si insupportable, qu’elles se tournent vers des habitudes nuisibles. Ces habitudes peuvent les aliéner (ou les amener à maltraiter) d’autres personnes.
Ceux qui sont profondément dans les addictions peuvent devenir complètement égoïstes et narcissiques. Cela peut être très effrayant à observer alors que quelqu’un cesse de se soucier de l’impact de ses actions sur son entourage. Comment l’addiction provoque-t-elle ce changement dans la manière de traiter les autres?
Une personne aux prises avec une addiction est une personne qui, à un certain niveau, se sent déjà comme un fardeau. Cette honte provoque un processus de s’opposer à soi-même et de s’isoler. Lorsque la honte devient insupportable, les gens peuvent réagir dans l’autre sens.
Alors qu’un toxicomane se déconnecte des autres par honte, l’isolement peut commencer à sembler sûr et confortable, résultant en narcissisme et égoïsme. Tout devient une question de garder les mauvais sentiments à l’extérieur. La consommation de substances et l’addiction nuisent aux relations par le mécanisme de cette pulsion protectrice centrée sur soi.
Vous avez le droit d’exprimer vos préoccupations telles qu’elles se rapportent à l’impact de la consommation de substances de votre proche sur vous. Cela peut aider à prévenir le ressentiment et motiver l’autre personne à changer. Cependant, rappelez-vous que ce que vous soulevez doit tourner autour de ce que VOUS ressentez, et non autour de votre interprétation de LEUR situation.
Lorsque vous voulez aider un ami avec sa consommation de substances, trouver les bons mots à dire et le bon moment pour les dire s’avère difficile. Bien que les ‘interventions’ traditionnelles avec des proches puissent s’avérer efficaces, elles ne vont que jusqu’à ce que la personne se sente honteuse de son habitude particulière.
Même s’ils peuvent abandonner la substance, ils peuvent continuer à lutter si la douleur en eux n’est pas guérie. Cela laisse la porte ouverte à la rechute, puisqu’ils continuent de chercher d’autres moyens de masquer la douleur.
Au lieu de monter une intervention, démontrez à cette personne à quel point elle est importante pour vous, et comment son usage vous affecte en plus de l’affecter elle-même. Seul l’amour peut surmonter le type de douleur qui mène à l’addiction. Voici des façons efficaces d’exprimer cet amour.
Vous rendez un mauvais service à votre proche si vous permettez leur addiction et leur en voulez ensuite. Cela n’aide ni l’un ni l’autre si vous acceptez de leur acheter un autre verre, puis leur en voulez de devenir trop ivre.
Pour maintenir la relation en santé, aidez seulement dans la mesure de votre confort, en restant honnête lorsque vous n’êtes pas à l’aise avec le type d’aide qu’ils demandent. En étant authentique, vous créez un espace pour qu’ils puissent vous faire confiance, et vous leur montrez que, bien que votre amour soit inconditionnel, votre acceptation de leur comportement ne l’est pas.
Lorsque vous vous inquiétez de la consommation de substances d’un proche, il est impératif que vous acceptiez d’abord que vos préoccupations sont vos préoccupations. Commencer avec des « Je ressens » vous permet de partager vos inquiétudes sans rejeter la faute sur l’autre.
Par exemple, dites « Je me sentais triste de te voir disparaître tout le weekend. Ça aurait été chouette de sortir ensemble », ou « J’ai peur pour ta santé quand je te vois avec la gueule de bois au travail », ou « Je m’inquiète de ne pas t’avoir vu depuis quelques semaines. » De cette manière, vous permettez à votre empathie et à votre amour d’envahir l’autre personne, tout en assumant votre propre expérience.
Il est ok d’être honnête sur le fait que vous avez des préoccupations égoïstes. Le mot « égoïste » a été diabolisé dans notre société, mais il est important de se rappeler que vous devez avoir un certain focus sur « le moi » dans « égoïste ». Sinon, comment pouvez-vous être fidèle à vous-même ?
Dites à votre ami ou membre de la famille que vous voulez qu’il aille mieux parce que cela vous ferait vous sentir mieux. Parce que vous ressentez de la douleur de manière égoïste quand ils ne vont pas bien. Cette approche crée plus de confiance entre vous, montre que vous les aimez vraiment, et empêche le ressentiment de grandir dans votre relation.
L’addiction vient avec un courant de honte profondément ancré. Les gens ne sont pas stupides, et ils comprennent quand leurs habitudes leur font du mal, même s’ils semblent être dans le déni.
Ils comprennent que la gueule de bois n’est pas agréable et que la descente est terrible. Mais pour ceux qui souffrent, la montée leur fait se sentir mieux que ce qu’ils ressentent à l’intérieur d’eux-mêmes — tellement mieux, que la perspective de la descente et du temps de récupération leur semble valoir le coup sur le moment.
Une façon courante dont les gens font honte aux toxicomanes est de minimiser leur douleur. C’est tellement facile de dire « Bien, j’ai traversé des douleurs sans devenir accro; donc ils ne devraient pas souffrir. » Mais il n’est pas possible de comparer la douleur, car nous vivons tous même les mêmes choses différemment. Souvenez-vous que les différences entre vos mécanismes d’adaptation et les leurs sont simplement dues au fait que vous êtes différents.
Avec l’addiction, comme avec d’autres luttes, la guérison repose sur l’individu. Seul l’individu peut décider qu’il veut changer.
Les interventions et le partage de préoccupations ne vont que jusqu’à ce que la personne soit prête à accepter de l’aide. En fin de compte, vous devez être pleinement conscient que vous leur demandez de changer, parce que vous voulez vous sentir différemment par rapport à eux.
Si vous ressentez le besoin d’intervenir, vous devez le faire avec une véritable préoccupation et un soutien, plutôt qu’avec jugement ou désapprobation. Comprenez que vous pourriez avoir besoin de dire « Je ne comprends pas ce que tu vis, mais il semble que tu souffres » ou « J’ai peur de la façon dont tu gères les choses dernièrement, comment puis-je t’aider ? »
S’ils semblent ouverts, vous pouvez les référer à l’une des ressources d’auto-assistance ci-dessous :
Commencez Votre Rétablissement
Localisateur de Traitement SAMHSA
Ligne d’Assistance Nationale SAMHSA
Ligne d’Assistance Nationale pour les Problèmes de Jeu
En plus de toutes les façons dont vous pouvez aider activement, des fois aider ça veut dire faire un pas en arrière. Vous devez être capable de comprendre que certaines personnes dans le besoin vont rejeter votre aide. Et si vous ne pouvez plus tolérer leur comportement, vous devez respecter vos propres limites.
Au bout du compte, vous êtes seulement responsable de vos propres sentiments, et il y a des moments où c’est dans votre meilleur intérêt de vous séparer complètement d’une personne qui traverse une addiction. C’est parce que si vous restez proche d’eux, en essayant de les changer, vous ne respectez pas leur réalité et leurs choix.
Nous ne pouvons pas changer les autres; nous pouvons seulement les aider à se changer eux-mêmes de la manière qui leur convient. Un athlète olympique ne peut devenir tel que s’il le veut profondément, intrinsèquement. Il en va de même pour ceux qui se rétablissent de l’usage de substances. Nous ne pouvons pas pousser une personne vers une guérison pour laquelle elle n’est pas prête – nous pouvons seulement les motiver avec notre soutien et notre amour.
Les êtres humains ont besoin de connexion plus que tout. Si vous allez aider une autre personne, vous devez mener avec amour pour eux et à votre tour, avec amour pour vous-même.
Chaque personne a grandi avec un certain ensemble de pensées dans sa tête, un certain ensemble de sentiments que vous ne connaîtrez jamais au-delà d’un mot commun de « douleur ». Ayez de l’amour pour la partie de vous-même qui comprend que vous ne comprendrez jamais entièrement la réalité d’une autre personne.
Quand vous essayez d’aider un ami qui lutte contre l’usage de substances, accrochez-vous à la connaissance que la connexion est un besoin humain profond. Si une personne est prête à se déconnecter de tout le monde autour d’elle, alors elle doit aussi croire que les autres n’ont pas besoin d’elle. Que les autres ne peuvent pas l’aider.
Comme ceux qui ont des problèmes de substances se sentent souvent honteux et isolés, des groupes comme les Alcooliques Anonymes et similaires aident ceux en rétablissement. Ils le font en fournissant une communauté de personnes acceptantes qui comprennent une douleur partagée.
Par exemple, prenez quelqu’un qui souffre d’une addiction à la cocaïne, issu d’une famille très religieuse qui croit que toutes les drogues sont mauvaises. Cette personne ne se sentira jamais comprise ni acceptée par sa famille; cela peut les maintenir dans un cycle d’addiction, qui est né du traumatisme de grandir dans un milieu strict. Pour aider les gens à sortir de cycles comme ceux-là, nous devons les connecter avec d’autres qui vivent le même combat. Cela peut fournir la compréhension et l’acceptation externes nécessaires pour s’accepter eux-mêmes, même si vous ne pouvez pas le fournir personnellement.
La consommation de substances est simplement une autre manière de gérer son moi intérieur. Dans ce monde de dualités, douleur et peur versus amour et acceptation, trouver l’espace pour agir avec amour est crucial.
En aimant le fait que nous ne pouvons pas changer une autre personne, nous créons un espace pour qu’elle puisse éventuellement voir les changements qu’elle souhaite apporter en elle-même. De plus, en traitant la consommation de substances comme une condition médicale, nous aidons les personnes à guérir et nous ne les punissons pas pour les conséquences de leurs actions.
En partant, t’es formidable de vouloir aider quelqu’un que tu connais! Garde en tête que tu peux prendre des mesures pour maintenir ton propre bien-être tout en aidant quelqu’un d’autre.
Et avant d’offrir ton aide, rafraîchis-toi la mémoire sur les meilleures pratiques pour tendre la main.
Rappelle-toi, ce n’est pas ta responsabilité de guérir qui que ce soit autour de toi. La personne la plus importante à prendre en charge lorsque tu interagis avec une personne qui consomme des substances, c’est toi-même.
Pour un soutien anonyme entre pairs, essayez le chat;.
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