Plusieurs aspects de l’expérience de l’infertilité peuvent bloquer l’épanouissement émotionnel chez les hommes, et malheureusement, les outils à la disposition des hommes restent limités. Dans l’espoir de nommer les défis émotionnels de l’infertilité masculine, cet article couvre les perspectives d’un webinaire récent sur l’infertilité masculine, partagées par un panel d’experts et de personnes ordinaires sur le parcours.
«Y’a plein de choses vraiment difficiles là-dedans. Chacune pour soi est difficile. Mettez-les toutes ensemble, et ça augmente de façon exponentielle.» – Aron Wolgel
Selon une méta-analyse sur les réponses émotionnelles à l’infertilité chez les hommes, “les hommes avec une infertilité masculine ont éprouvé plus de ‘réponses émotionnelles négatives’, incluant un sentiment de perte, de stigmatisation et une baisse de l’estime de soi, que les hommes dont les partenaires étaient infertiles ou qui étaient dans des couples où les difficultés de fertilité étaient inexpliquées.”
Évidemment, on peut comprendre pourquoi l’infertilité, de prime abord, fait mal. Cependant, l’expérience de l’infertilité masculine porte également des implications plus spécifiques et nuancées pour le bien-être émotionnel.
Dr. Bill Petok, un psychothérapeute expérimenté se concentrant sur la santé reproductive masculine, décrit trois besoins qui sont critiques pour la santé mentale, mais qui sont mis au défi par l’infertilité masculine : l’intimité, la protection, et le langage.
Les hommes, en particulier, tendent à se sentir valorisés par le contrôle de leur intimité. Et l’infertilité enlève ce sentiment de contrôle : “Tout le monde sait comment on fait des bébés, mais on n’en parle pas. Et c’est normal. Ça devrait être une affaire privée entre deux personnes. Tout à coup, quand vous travaillez avec un urologue, un endocrinologue de la reproduction, toute une équipe, ça n’est plus privé; ce qui, je pense, peut être terriblement embarrassant à un niveau, et difficile à savoir comment en parler à un autre.”
La société dans laquelle nous vivons dicte certains idéaux pour les rôles des hommes dans leurs relations. Malheureusement, ces dictats sociaux peuvent rendre les hommes autocentrés en reconnaissant leurs propres émotions. L’idée induite par le stigmate est que les hommes sont censés être les protecteurs, et les protecteurs ne sont pas supposés avoir besoin de protection : “Si t’es un homme dans un mariage hétérosexuel, t’as un rôle qui t’est attribué culturellement, celui de ‘protecteur’. Tu es supposé protéger ta femme. ‘Elle subit tous ces traitements, toutes ces choses, qu’est-ce que j’ai à me plaindre, à parler de ce que je ressens? Regarde ce qu’elle endure.’ Donc, on nous attribue ce rôle de protéger les autres.”
Pour maintenir un bien-être émotionnel, nous avons besoin d’un langage utile pour décrire nos expériences et réactions. Mais les hommes n’ont généralement pas le vocabulaire pour les expériences d’infertilité, rendant la communication encore plus difficile. «Comment trouver le langage pour parler de ça? On n’a pas vraiment une bonne éducation sur la reproduction masculine…La première fois que beaucoup d’hommes apprennent sur leur système reproducteur, c’est quand quelque chose ne va pas.»
Dr. Stan Honig, un urologue spécialisé de longue date dans la fertilité, souligne que les hommes et les femmes se sentent souvent à l’aise avec des approches différentes du traitement de l’infertilité, ce qui peut créer des conflits : “Tout le monde n’est pas sur la même longueur d’onde en même temps. Il peut y avoir des moments où la femme veut avancer beaucoup plus rapidement que l’homme, et l’homme n’est pas prêt. Il doit y avoir une compréhension mutuelle… Je souligne toujours au couple, que vous devez vous respecter mutuellement.”
Dr. Petok est immédiatement d’accord : “Il est très rare que les deux personnes dans un couple soient au même endroit émotionnellement en même temps. Parce que l’un est ici et l’autre là, ça ne veut pas dire qu’ils ne se soucient pas l’un de l’autre. Ça veut juste dire qu’ils sont à des endroits différents, mais il doit y avoir une compréhension de cela.”
L’infertilité masculine prend un tribut sous-estimé sur la santé émotionnelle, ce qui rend le soutien social extrêmement important. Mais se connecter avec d’autres sur le sujet peut sembler impossible.
Aron Wolgel témoigne : « Je pense que c’est juste vraiment difficile. Il faut d’abord et avant tout nommer ça. Et c’est difficile pour tant de raisons. Pour moi, une chose autour de laquelle mon expérience s’est centrée était de naviguer l’équilibre entre ce qui est personnel et ce qui est privé. »
Même si vous décidez de tendre la main, malgré l’immense courage que cela implique, les bons amis ne savent pas toujours comment réagir. Wolgel décrit le dilemme : « Dans bien des cas, c’était juste beaucoup plus simple de ne pas parler aux autres. Parce que comme ça, je n’aurais pas à les mettre mal à l’aise… Les gens se retrouvent coincés ! »
Vous pourriez décider de chercher de l’aide en thérapie. Cependant, pour certains, franchir ce grand pas mène à plus de frustration ; selon le Dr Bill Petok, les patients ont accès à un bassin disproportionnellement petit de thérapeutes masculins, sans parler des thérapeutes masculins expérimentés en matière d’infertilité.
Aron Wolgel décrit également la tension autour de la recherche de soutien : « Je savais que je devais chercher quelque chose, mais je ne savais pas qui chercher, et même une fois trouvé, de quoi parler. »
Chercher du soutien dans ce parcours peut sembler déroutant, surtout quand on discute rarement de sujets aussi vulnérables dans la vie quotidienne. Il est important de se rappeler du vieux dicton, cependant, que « tout ce qui est humain, est valide. » Si vous avez ne serait-ce qu’une relation de confiance dans votre vie, peu importe comment vous le dites ou comment vous vous expliquez ; juste l’acte de partager le fardeau peut se sentir valorisant.
En parlant de l’empowerment des relations dans le parcours de l’infertilité masculine, un panéliste de webinaire décrit son expérience sous une lumière réaliste et optimiste :
« Moi pis mon partenaire, on a passé par quatre cycles de IUI, pis après ça, on a continué avec une FIV, qui a réussi. On attend un bébé pour septembre. Ça a été un long parcours – environ quatre ans maintenant. J’ai appris beaucoup à travers le processus : du vocabulaire médical… mais aussi sur le plan émotionnel et mental, en ayant des discussions avec ma conjointe. Juste être là pour elle, et elle pour moi. » – Adi Lavy
L’optimisme réaliste peut être l’approche idéale face aux défis objectifs de l’infertilité masculine. Le parcours est une opportunité de croissance, mais vous n’avez pas non plus à vous concentrer uniquement sur les aspects positifs. Ce n’est pas s’adonner à soi-même que de reconnaître les difficultés et les conflits internes que vous pouvez ressentir. Et aussi isolant que tout cela puisse paraître, il y a toujours d’autres qui veulent entendre votre histoire.
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